Via Negativa – Le bonheur c’est quand il n’y a plus rien à retrancher

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"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

Hier, j’ai abordé brièvement le concept de Via Negativa, qui promeut l’idée d’éliminer le superflu pour ne conserver que l’essentiel. C’est une notion que j’aimerais approfondir aujourd’hui. Je prends la plume pour immortaliser comment j’ai transformé ma vie positivement en enlevant des éléments plutôt qu’en cherchant à en ajouter. Lorsque je suis confronté à un problème, au lieu de chercher une nouvelle ressource ou un nouvel objet pour le résoudre, je sonde d’abord si je ne peux pas enlever quelque chose pour atteindre mon but.

Un exemple frappant pour moi concerne Street Hypnose : au lieu de chercher constamment de nouvelles techniques pour perfectionner les outils, j’ai éliminé tout ce qui était superflu, jusqu’à l’induction elle-même. La première fois que j’ai pu provoquer une hallucination visuelle chez un volontaire sans avoir utilisé la moindre induction formelle, j’ai compris que la compétence d’éliminer les techniques superflues était bien plus puissante que celle d’ajouter constamment de nouvelles pour combler ses lacunes.

Je veux continuer sur cette voie. J’écris pour m’empêcher d’être tenté de revenir en arrière dans mes moments de doute.

Ce n’est pas toujours facile. Dès que la fatigue me gagne, que mon moral faiblit un peu, comme ce fut le cas aujourd’hui, je sens que j’ai tendance à la léthargie, au scrolling infini ou même au binge-watching.

Via Negativa

Pour chaque élément de mon environnement quotidien, je me suis posé la question suivante :

Est-ce réellement bénéfique pour qui je suis et qui je veux être ?

Si la réponse est « oui », je conserve. Si c’est « non », je me débarrasse. Si c’est « je ne sais pas », je me donne le temps de réfléchir et de revenir dessus plus tard.

À la maison, j’ai tendance à accumuler beaucoup, sans jamais rien retirer, surtout depuis que nous avons déménagé dans une grande maison. Je garde, par exemple, un canapé datant de mes années universitaires. Il a une valeur sentimentale pour moi, mais il n’est plus utile. Il a fini dans le garage et sera vendu s’il trouve preneur. Je conserve également des objets qui proviennent de mes anciens locaux à Toulouse, toujours par nostalgie, alors qu’ils n’ont aucune place dans notre maison.

Je voudrais essayer de faire du tri dans tous ces meubles cet été pour libérer de l’espace dans notre garage.

Dans mon bureau, chaque objet et chaque décoration reflètent une part de qui je suis ou qui je veux être. Il n’y aurait pas grand-chose à enlever. Je vois mon joli Goban tous les jours, même si je ne l’utilise pas autant que je le voudrais, préférant pour le moment la version numérique sur ordinateur pour jouer avec d’autres personnes. Je vois aussi tous les jours mon mur peint par mon enfant intérieur, ce qui me rappelle que prendre soin de lui est important pour moi.

L’année dernière, j’ai découvert des tee-shirts simples, qui me vont bien, sont confortables, tiennent chaud et absorbent bien la transpiration. En réalité, j’ai simplement découvert la laine mérinos, et ce fut une révolution pour moi. Pourquoi alors garder mes anciens tee-shirts en coton et autres matières habituelles ? Comme financièrement je ne pouvais pas faire autrement, j’ai investi en achetant un tee-shirt en laine mérinos par mois et pour chaque tee-shirt acheté, j’en ai retiré un en coton. Ainsi je n’accumule pas inutilement, et je remplace juste une affaire par une autre qui apporte plus de confort et de simplicité à ma vie. Aujourd’hui, tous mes tee-shirts sont en laine mérinos et je me sens beaucoup mieux.

Sur mon ordinateur et mon téléphone

J’étais convaincu que consulter quotidiennement les forums de Reddit était bénéfique pour ma culture générale. J’explorais des thèmes comme l’histoire, l’actualité mondiale, les dernières technologies et d’autres sujets plus ludiques. Jusqu’au jour où je me suis forcé à les éliminer de ma vie pendant une semaine, juste pour voir. Il ne m’a pas fallu plus de temps pour réaliser leur inutilité pour mon bonheur. Ces forums ont été remplacés par des activités bien plus pertinentes comme l’écriture, la méditation, le sport, la lecture, et même l’ennui. Plutôt que de chercher constamment à explorer l’extérieur, j’ai remplacé ce temps par des explorations intérieures et des moments où je prends soin de moi-même.

Je ne suis plus joignable sur mon téléphone. Et je ne vois les notifications que lorsque je l’allume. Mon idéal serait de l’allumer une fois le matin, et une fois le soir. Ce n’est pas tout à fait le cas encore.

Je garde WhatsApp activé sur l’ordinateur quand je joue ou regarde une série, mais toutes les notifications sont désactivées quand j’écris. Cet équilibre me permet de me sentir « connecté » à toutes les personnes que j’aime quand mon esprit est prêt à les accueillir.

À moins que quelqu’un ne m’appelle à plusieurs reprises (en cas d’urgence), je ne suis plus disponible à la demande. Pour toute la partie professionnelle, je me rends disponible selon des créneaux horaires pré-établis grâce à l’application Calendly.

Je respecte toujours mes 10 minutes de Facebook par jour. Pas plus.

Dans ma vie sociale

Dans ma vie sociale, je me suis interrogé de la même manière : « Est-ce que le temps que je passe avec cette personne est véritablement enrichissant pour moi, et pour la personne que je veux devenir ? »

Ma conception de l’amitié est assez spécifique et n’est pas nécessairement partagée par le plus grand nombre. Les banalités ou les dernières actualités ne suscitent pas vraiment mon intérêt. Je privilégie des conversations basées sur les expériences personnelles de chacun. J’apprécie lorsque ces confidences sont chargées d’émotions. J’aime entendre comment quelqu’un lutte pour créer son propre bonheur, comment il structure sa vie pour donner et recevoir l’amour comme il en a besoin. J’aime écouter quelqu’un me raconter comment il s’est battu pour se découvrir et mieux se respecter. J’aime entendre les difficultés rencontrées et les solutions trouvées. J’aime quand quelqu’un me montre comment il a transformé une fragilité en force. J’aime quand quelqu’un a le courage de me dire qu’il ne va pas bien, non pas pour se plaindre, mais avec l’intention de comprendre et d’explorer l’origine de son mal-être. J’aime quand quelqu’un me dit qu’il va bien, et qu’il le rayonne et le vibre dans tout son corps.

Après un moment de déception en réalisant que la plupart des personnes que je rencontre ne cherchent pas à créer des relations sincères et profondes avec moi, soit parce qu’elles n’osent pas, soit parce que ce n’est tout simplement pas leur façon de fonctionner, j’accepte plus facilement une certaine forme d’isolement. Je ne le ressens pas comme une solitude puisqu’il devient un choix délibéré. Aujourd’hui, je préfère partager mon temps avec les quelques personnes qui partagent mes valeurs plutôt que de chercher à apprendre et grandir auprès de milliers d’autres personnes qui, finalement, ne me conviennent pas vraiment. Non seulement la socialisation en général est très, voire trop, énergivore pour moi, mais les gains dans la balance ne pèsent pas autant que les bénéfices obtenus en prenant soin de moi, entouré d’amour à Beaumont Beach Paradise avec ma coéquipière.

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2 réflexions au sujet de “Via Negativa – Le bonheur c’est quand il n’y a plus rien à retrancher”

  1. Merci pour cet article, il résonne beaucoup en moi. Comme tu l’évoques au début, ça n’est pas toujours facile de maintenir ce qu’on sait être bon pour soi quand le moral faiblit ou que la fatigue est trop présente.

    D’ailleurs, au delà des fluctuations émotionnelles et énergétiques ponctuelles, il me semble que s’engager sur une telle voie nécessite de prendre le temps de se poser et réfléchir au bénéfice secondaire engendré par ces compulsions ou comportements machinaux – à première vue éloignés de qui on pense vraiment être. Le risque étant autrement de tomber dans une lutte interne, qui sera soit perdue sur le long terme, soit gagnée au prix d’une grande rigidité et d’un enfouissement profond de certaines parties émotionnelles en souffrance.

    Pendant longtemps je suis de mon côté tombé dans cet écueil, avec certaines victoires dont je me rendais intuitivement compte qu’elles n’en étaient pas vraiment, mais sans pour autant être en capacité de mettre le doigt une compréhension plus fine de cette dynamique. J’ai ainsi voulu m’améliorer, puis voulu devenir une meilleure personne, puis fini par ne plus vraiment savoir quelle approche me serait la plus bénéfique.

    Hunkaar se révèle alors pour moi comme une épiphanie, me proposant une direction très claire vers laquelle je veux désormais orienter mon énergie. Quelques jours avant le second module, en lisant je suis tombé sur cette phrase d’Eckart Tolle qui a mis en mot ce changement de perspective :

    « On ne devient pas bon en essayant d’être bon, mais en trouvant la bonté qui est déjà en soi et en lui permettant de s’exprimer. »

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    • J’adore cette citation, merci de me rappeler son existence. Tu as au fond de toi une petite flamme qui s’allume à mesure que tu te rapproches de ce qui est juste pour toi, et tu as la capacité à l’écouter avec beaucoup de justesse. Savoir que HUNKAAR résonne en toi comme une épiphanie est un honneur et me confirme qu’on est dans la bonne voie. Merci 🙂

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