Ce matin, une émotion inédite m’a envahi, sa provenance m’était inconnue. J’ai eu l’opportunité de la ressentir brièvement avant qu’Aurore ne parte pour le travail. Puis, j’ai réalisé que c’était le jour de ma consultation avec mon psychologue. En partageant mes progrès du mois de juillet, j’ai identifié cette émotion, et nous avons travaillé à sa solution.
Notre cerveau façonne nos comportements en fonction de ce que nous lui présentons.
Lorsque je revis ces moments où, rentrant à la maison avec ma mère, nous allumions immédiatement la télévision, je réalise que nous nous exposions constamment à une négativité latente. Entre les journaux télévisés débordant de mauvaises nouvelles, les films d’action dépeignant meurtres, douleur et peur, nous avions inconsciemment choisi d’enseigner à notre cerveau comment adopter des comportements négatifs en lui montrant comment faire tout au long de la journée.
Je repense aussi à cette tristesse intérieure cultivée, à toutes ces personnes que j’ai côtoyées, qui passaient leur journée à se lamenter, à se plaindre, à blâmer le monde entier. Leur vie était une série d’injustices, leur patron un tyran, leur voisin un malotru, l’ex un traître, la grand-mère une manipulatrice perverse, nos gouvernements corrompus, les scientifiques des ignorants. Ils percevaient même leur propre corps et leur propre esprit de manière négative. « Je déteste mon corps, il m’a rendu malade, il est trop ceci, pas assez cela ». « Mon esprit est mon ennemi, il me submerge de pensées négatives tous les jours. »
Je perçois de plus en plus une forme pathologique de déresponsabilisation égocentrée, à l’échelle mondiale.
Les formations promettant la maîtrise de l’esprit, la perte de poids, le changement de comportement comme si elles étaient des baguettes magiques sont omniprésentes. Plus nous souffrons, plus les offres pour nous en sortir sont grossières. Et ça passe directement là où il faut dans notre cerveau. Mais ça ne fonctionne pas. On nous répète depuis tout petit que la clé c’est le contrôle. Or, la perte de contrôle est telle que nous sommes prêts à saisir n’importe quelle opportunité nous promettant de reprendre le contrôle de notre vie. Les influenceurs sur Youtube, Instagram, Tiktok promettent des modes de vie fantastiques qu’ils prétendent vivre au quotidien. Allez les rencontrer en personne, vous serez déçu. Ils créent des personnages, des masques, qui attirent les vues. Et même si nous savons tous que tout est faux, que tout est fabriqué, que tout est basé sur l’image, un instinct nous pousse quand même à cliquer. Parce que notre cerveau trouve plus facile de critiquer l’autre, plutôt que de s’entourer de ce qui est bon pour nous. Nous vivons dans un mensonge permanent de nous-mêmes. Au travail, vous portez un masque. À la maison, vous portez un masque. Rares sont ceux qui peuvent exprimer librement leurs émotions, chanter, danser, crier, sauter, rire aux éclats, sans être moqués. Nous montrons quotidiennement à la télévision, sur les réseaux sociaux, les pires valeurs de l’humanité. Tout sonne faux. Mais pourtant, c’est ce qui est le plus attirant pour notre cerveau. Ne l’oublions pas, notre survie dépend de notre capacité à repérer partout, tout le temps, ce qui ne va pas. Notre cerveau reste archaïque et ancestral.
À moins de faire un autre choix.
Combien de fois ai-je entendu cette phrase : « J’étais heureux, tout allait bien dans ma vie, jusqu’à ce que X et X se produisent et me rendent malheureux ». Devrais-je être malheureux parce que j’ai un diabète de type 1, une gastroparésie sévère, une fatigue chronique, un cerveau constamment en suractivité, des parents qui n’ont pas été capables de me dire qu’ils m’aimaient, une vie loin de mon fils, mon entreprise que j’ai construite il y a 10 ans qui risque de fermer ses portes à la fin de cette année ?
Des événements me rendent ponctuellement tristes. Ils me font souffrir. Certes.
Mais ensuite, je choisis de passer le reste de ma vie à tirer des choses positives de ces événements, à en retirer du sens, à me raconter la plus belle des histoires en liant ces événements entre eux pour construire mon bonheur. C’est un choix. J’y consacre du temps et de l’énergie. Le contrôle est une illusion. La recherche de confort permanent est une illusion. Le bonheur, c’est surfer sur la vague de ce que la vie a à nous offrir – le bon comme le moins bon – et d’aimer l’impermanence qui en découle. Être heureux, pour moi aujourd’hui, c’est relier tout mon monde extérieur, et tout mon monde intérieur, dans une histoire qui a du sens pour moi. Puis de faire les choix qui permettront à tous ces liens de rayonner ensemble. Tout est positif à la fin parce qu’il y a de l’essence de bonheur dans chaque événement de ma vie. Je fais le choix d’apprendre jour après jour à me délester de mes attentes conditionnées.
Ma meilleure amie me dit souvent en rigolant « ta vie c’est Dallas ». Depuis la création du site Internet Street Hypnose en 2012, j’ai l’impression d’avoir vécu une vie entière, mouvementée et passionnante. Il s’est passé tellement de choses. En regardant en arrière, je suis fier de ces dix dernières années de ma vie. J’ai fait des erreurs pleines de conviction. Mais je suis heureux à postériori de tous les risques que j’ai pris. Ils ont tous été des graines qui ont germé en mon bonheur actuel quelles que soient les difficultés rencontrées. C’est grâce à tous ces risques que j’ai trouvé l’amour, et que je me suis enfin rencontré pour la première fois. Paradoxalement, à aucun moment durant cette longue période je me suis senti « confortable, tranquille et en sécurité ». Quand l’inconfort n’est pas extérieur, c’est l’inconfort intérieur qui fait surface. Quand je suis en sécurité financièrement ou matériellement, c’est mon insécurité affective qui fait surface. Quand je suis en sécurité affectivement, c’est mon insécurité professionnelle qui fait surface.
J’ai compris que mon bonheur ne rimait pas avec confort et sécurité, mais plutôt avec mobilité et acceptation. Que ce soit dans les événements que je traverse, ou dans mon monde inconscient intérieur. La recherche d’une forme de permanence de calme intérieur, de confort, de sécurité, de paix, est une illusion que je refuse de continuer à poursuivre.
La clé pour moi, c’est de prendre rendez-vous avec moi-même tous les jours de ma vie. J’arrête de chercher à me faire taire, à contrôler mon corps et mon esprit, à vouloir contrôler ma vie. J’apprends à laisser s’exprimer qui je suis. Mon enfant intérieur a parfois besoin de pleurer, parfois besoin de plonger dans un bon livre de science-fiction pour voyager. L’adulte en moi a besoin d’un point fixe, ma famille d’amour, et de s’épanouir autour. Je cultive les moments privilégiés avec Aurore. Nous marchons ensemble souvent, nous explorons nos inconscients régulièrement avec des séances HUNKAAR, nous jouons ensemble aux mêmes jeux sur l’ordinateur, nous cuisinons l’un pour l’autre, nous entretenons la maison chacun avec nos forces et nos faiblesses. C’est mon point fixe. Ma base. D’où renaîtront des rêves, des projets, des promesses. En prenant chaque jour rendez-vous avec moi-même, en écoutant la vie et mon corps, j’ai confiance en mon avenir même si celui de l’humanité reste incertain.
Je ne laisse de commentaires que sur les articles où ma vision diffère de la tienne. Mais pour la plupart des autres articles je partage totalement tes idées. J’aime beaucoup la façon dont tu es capable de les exprimer. Je me fais donc violence pour laisser un commentaire sur ce très bel article.
Et je t’en remercie infiniment ! Comme je le disais au-dessus, c’est toujours plus facile d’exprimer ce qui ne va pas haha.