Ma tranquillité : mon bien le plus précieux

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"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

À l’aube de ma dixième année, niché dans les entrailles du quartier du Liourat, 3 rue de l’Amélie, à Vitrolles, une ville de l’Hexagone réputée dangereuse depuis sa relation précoce avec le Front National, je vivais une époque où il était tout à fait acceptable pour un enfant de parcourir seul le kilomètre séparant sa maison de la boulangerie locale.

Néanmoins.

J’étais forcé de traverser un lieu, toujours le même, qui m’inspirait une peur ineffable. Cette grande place, sous ses apparences d’accueil hospitalier, servait de lieu de rassemblement pour des bandes de jeunes qui, voyant en moi « le sale petit français » sur leur territoire, me tourmentaient de leurs moqueries et de leurs menaces de mort. Au début, c’était des mots. Petit à petit, des bousculades gratuites sont apparues m’ordonnant de ne plus remettre les pieds ici. Derrière ce lieu maudit, un parc. Une façade verdoyante pour atténuer l’aspect brut de notre cité. Des arbres, des buissons, de l’herbe, une fontaine qui n’a jamais fonctionné. Alors que je rentrais tranquillement la baguette à la main, le cri « attaque ! » résonna soudainement. En me retournant, j’ai aperçu une silhouette canine. Un pitbull enragé fusant vers moi. Mon coeur s’est emballé, j’ai fui en panique, impuissant, criant « à l’aide ! » inutilement. Quelques secondes plus tard, il réussit à me mordre la fesse juste avant que je ne grimpe au-dessus d’un buisson salvateur. Je restais figé par la peur, mal installé au-dessus de ce buisson touffu, les aboiements de la bête symbolisant l’écho de ma mort imminente.

Pourquoi moi ?

Je n’avais rien fait pour mériter cela.

Son maître le rappela, son rire sinistre flottait dans l’air. Ils se sont éclipsés comme si de rien n’était. Je rentrai, les larmes coulant sur mes joues, la fesse ensanglantée. Rien de grave physiquement. Traumatisé à vie psychologiquement.

Toute mon enfance fut bercée par la peur.

D’eux.

De leurs comportements irrationnels.

Des menaces.

Des coups.

De leurs chiens.

Des coups de feux.

Avez-vous déjà été témoin d’un mec tirant au fusil sur des jeunes jouant en bas de son immeuble parce qu’ils faisaient trop de bruits ?

Des années plus tard, à Toulouse cette fois, j’ai été agressé simplement pour avoir eu l’audace de sourire en croisant un regard. Il a planté sa voiture sur le trottoir pour me barrer la route, et c’est dans un silence absolu que j’ai encaissé les premiers coups de poings.

Pourquoi moi ?

J’ai survécu grâce à une évasion de justesse alors qu’il tentait de me fracasser la tête contre le sol. Personne n’est intervenu pour m’aider. Une personne a toutefois noté sa plaque d’immatriculation, c’était une voiture volée, affaire classée.

Encore quelques années plus tard, un individu a tenté de me tuer, et j’ai finalement été sauvé par les vitres de ma voiture qu’il n’a pas réussi à briser malgré les énormes coups portés, tout cela parce que j’avais tardé à faire mon choix au drive du Mc Do.

Est-ce que je suis le seul victime de ces folies ? Suis-je marqué par une malchance extraordinaire ? La tête de celui à abattre ?

Je refuse de vivre avec la peur au ventre

J’ai longtemps voulu affronter ces peurs en les côtoyant d’encore plus près au quotidien. Et puis un jour j’ai craqué, j’ai voulu m’éloigner. Bouffée d’air frais. Aujourd’hui j’ai construit mon havre de paix à Beaumont Beach Paradise. J’aime de temps en temps remettre les pieds à Toulouse pour pratiquer la Street Hypnose. Mais je n’y vivrai plus, c’est certain.

La ville m’effraie.

Les gens qui y vivent me font peur.

Je travaille quotidiennement à créer ma sécurité intérieure. Ce n’est pas pour vivre en permanence dans l’insécurité extérieure.

Je suis triste de vivre dans un pays où je ne me sens nulle part chez moi, en sécurité, ailleurs que chez moi.

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