Derrière ce titre un peu racoleur se cache une pensée qui m’envahit l’esprit jour après jour. Quand certains sont anxieux du changement climatique, quand d’autres ont peur des enjeux politiques avec les potentielles guerres nucléaires qui nous pendent au nez, moi, j’ai peur de comment l’humanité va s’approprier l’univers singulier de l’intelligence artificielle.
Je poste de temps en temps des articles sur les dernières avancées technologiques liées aux intelligences artificielles, à travers une approche pragmatique, pour vous montrer que les limites sont en train d’être repoussées à une vitesse incroyable. Aujourd’hui, vous pouvez écrire un livre, réaliser une vidéo, composer une musique, développer un logiciel, créer un site Internet, sans avoir aucune compétence ni même disposer d’aucun matériel autre qu’un ordinateur et Internet. L’intelligence artificielle n’en est qu’à ses balbutiements, et déjà les possibilités offertes grandissent à une allure exponentielle.
Ce n’est que le début d’une révolution extrêmement soudaine qui se déroule sous nos yeux. Encore faut-il les garder ouverts.
L’Intelligence artificielle va chambouler notre vie du tout au tout à partir du moment où elle surpassera l’intelligence de l’être humain. Je ne fais pas allusion à l’intelligence d’un seul être humain, ça c’est déjà fait, mais à l’intelligence de l’être humain collectif, de l’ensemble des êtres humains réunis. Cela a été prouvé à maintes et maintes reprises au cours de l’histoire de l’humanité que l’intelligence collective a toujours été plus élevée que l’intelligence individuelle. Le jour où une intelligence artificielle surpasse symboliquement cette intelligence collective, par un facteur puissance X, à quoi ressemblera notre vie ? Serons-nous en mesure de conserver les rennes de notre avenir ?
Il y aura des enjeux politiques. Il y aura des enjeux militaires. Il y aura des enjeux climatiques. Il y aura des enjeux économiques. Il y aura des enjeux humanitaires. Mais ce n’est pas tout. Et c’est là le plus inquiétant, il y aura aussi et surtout des enjeux pour la survie même de notre humanité.
Non, je ne parle pas de Skynet
Quand je dis que l’humanité aura disparu dans 10 ans, je ne parle pas d’une dystopie où les robots auront pris le pouvoir sur les êtres humains. Les médias qui vous parlent de ces éventualités jouent sur les peurs conditionnées qui nous hantent à cause des films qui ont bercé nos enfances (merci Terminator). Histoire de faire un peu d’audience.
La réalité sera bien plus sournoise.
L’humanité a déjà perdu son environnement de vie originel : la nature
Sans contestation, par confort, par commodité, nous nous sommes entourés de béton, de grands immeubles, de pollution et la nature se fait de plus en plus rare partout dans nos grandes villes. Un citoyen lambda vivant à Paris, Lyon ou Toulouse peut ne pas s’être connecté à la nature et à la terre pendant plusieurs années consécutives. Ce fut mon cas.
Pourtant, la nature développe l’humanité. Elle développe l’empathie, relâche le stress, apprend la patience et le lâcher prise. La nature est thérapeutique, c’est aujourd’hui prouvé scientifiquement. J’en ai fait l’expérience entre hier et aujourd’hui, c’était marquant. Hier matin, nous avons marché pendant une heure en pleine nature, au travers des forêts et champs tout près de chez nous. C’était revigorant, nous avons philosophé, nous en sommes ressortis heureux et apaisés. Ce matin, nous avons marché également une heure, mais cette fois en suivant une route goudronnée, avec des voitures qui nous doublaient régulièrement, dans le but d’aller à la boulangerie acheter notre stock de pain avant qu’ils ne s’absentent pour leurs congés annuels. Cette deuxième balade nous a ennuyé et stressé plus qu’autre chose. L’effet sur notre moral et notre corps n’a pas du tout été le même.
Quand on sait que l’activité physique est responsable d’une énorme partie de notre bonne santé mentale et physique, que le contact direct avec la nature a des vertus thérapeutiques indéniables, la vie dans nos mégalopoles, le stress engendré par notre mode de vie, est certainement responsable d’une grande partie de nos épidémies mondiales de pathologies modernes (cancer, maladies auto-immunes etc.).
L’humanité va disparaître en même temps que le lien qui nous unit
Tout ne va pas changer du jour au lendemain. Suivez mon raisonnement, je vous invite à cliquer sur les liens que je vous donne au fur et à mesure.
Le monde professionnel va se convertir à l’utilisation massive de l’IA
Le bouleversement va démarrer tout doucement par des recrutements de profils professionnels sachant se servir des IA. Si je dois recruter un nouvel informaticien demain, est-ce que je recruterai le même que j’aurais recruté il y a cinq ans ? Là où j’aurais préféré un profil diplômé d’une grande école d’ingénieur hier, est-ce que je ne préférerai pas avoir un collaborateur capable de se servir des IA aujourd’hui ? Quand on sait que la productivité dans les domaines technologiques peut aujourd’hui être multipliée du simple au double (voire plus encore) par l’utilisation d’une IA dans les tâches quotidiennes, le choix va s’orienter petit à petit vers des profils capables de s’adapter à ces nouveaux pré-requis. Les entreprises ne sont pas empathiques. Si je peux remplacer trois employés par un seul sans aucune perte de qualité ou de productivité, pourquoi s’en priver ?
De nombreux autres domaines, en apparence moins compatibles au départ, mais que les IA spécialisées vont bientôt conquérir (comme le monde hospitalier par exemple), vont être révolutionnés très rapidement également. Si je peux remplacer un médecin de campagne qui part à la retraite par une IA, plutôt que d’être victime d’un désert médical, pourquoi s’en priver ?
L’intelligence artificielle ne va pas voler votre travail, mais vous allez devoir vous adapter pour le conserver.
Le travail de demain, quelque soit le domaine, se fera AVEC l’intelligence artificielle, qu’on le veuille ou non. C’est une affaire de productivité, de profit, et donc vital pour toutes les entreprises de notre système capitaliste.
La sphère personnelle ne sera pas épargnée
Il y a déjà eu quelques tentatives avec l’IA de Snapchat nommée My AI et celle de Tiktok nommée Tako. L’objectif est de cibler les jeunes et de les habituer dès le plus jeune âge à interagir aussi bien avec des êtres humains qu’avec des IA.
Les interactions à travers les réseaux sociaux vont petit à petit se déshumaniser par l’utilisation massive des IA pour améliorer les contenus. Les réseaux sociaux favorisent les publications quotidiennes. Depuis que je poste un article par jour sur Facebook, j’ai même des statistiques démontrant que Facebook montre mes publications à davantage de mes amis simplement parce que je poste plus souvent. Pour tous les influenceurs et les jeunes qui courent après les abonnements et les likes, c’est même devenu une obligation. Face à l’épuisement et au burn-out de beaucoup d’influenceurs, les IA vont être de plus en plus utilisées pour survivre socialement. Pourquoi s’en priver ?
Google vous permettra bientôt de modifier vos photos en profondeur en un seul clic, avec la possibilité de bouger une personne de place sur la photo, en supprimer une autre, modifier la couleur du ciel ou changer l’environnement autour de vous. Le tout sans avoir besoin d’aucune compétence graphique. Quelles photos seront réelles ? Lesquelles ne le seront pas ? Il sera impossible de le savoir. Vos photos seront parfaites et vous serez parfaits sur vos photos. Pourquoi s’en priver ?
Votre voix sera clonée. Vous pourrez laisser un message vocal à n’importe qui et il sera incapable de discerner s’il s’agissait bien de vous ou pas en réalité. Pourquoi s’en priver ? Mais si vous pouvez cloner votre voix, n’importe qui d’autre le pourra. Comment allons-nous protéger notre identité ? Grâce à l’identité numérique, la fin de l’anonymat et de la vie privée.
Vous pourrez bientôt ne plus avoir besoin d’écrire vos mails. Vous direz simplement à Gmail « écris un mail pour prendre des nouvelles de mon amie Laura pour savoir si tout s’est bien passé pendant ses vacances en Australie ». Et vous aurez un très joli mail, très poli, bien ponctué et qui vous ressemble (parce qu’il s’inspirera de vos précédents mails, il réutilisera vos smileys et vos expressions favoris). Beaucoup de temps gagné en perspective. Pourquoi s’en priver ?
Vous serez bientôt accompagné d’un assistant IA qui sera votre compagnon de tous les jours. Sur Android, IOS ou depuis votre ordinateur (quand ça ne sera pas depuis votre Alexa ou autre modèle de future génération). Dès lors que les problématiques des IA actuelles liées aux hallucinations seront réglées, nous n’aurons plus aucune raison de ne pas les utiliser en remplacement de Google par exemple. Ils contiendront l’ensemble des données d’Internet et seront capables de nous aider dans nos recherches et nos raisonnements en direct en tenant compte de l’ensemble des connaissances de l’humanité avec de vrais dialogues pertinents.
Vous imaginez les possibilités ?
Et ce n’est pas dans 10 ans. C’est dans un an ou deux, maximum, selon le fondateur d’OpenAI (ChatGPT).
Ces IA pourront aussi créer de la musique automatiquement, pour nous, en fonction de nos goûts et les jouer en live dans nos enceintes. Avec les voix de nos artistes préférés.
L’éducation va être bouleversée
Est-ce que je vais préférer que mon enfant apprenne un nouveau concept mathématique avec un professeur proche de la retraite qui a ses humeurs, ses émotions, qui peut le maltraiter, mal lui parler, rentrer en contradiction avec notre vision du monde, ne pas réussir à s’adapter au niveau scolaire de notre enfant, ne simplement pas être pédagogue, ou est-ce que je créerai pour mon enfant un assistant personnalisé doté d’une patience infinie, qui est prêt à décomposer le problème cent fois s’il le faut, qui ne le jugera jamais, et qui mènera mon enfant à comprendre le concept dans la compassion et la bienveillance ? Oui, vous avez bien lu, j’ai osé lâcher deux gros mots : compassion et bienveillance. Deux valeurs qui définissent notre humanité, et qui pourtant seront assumées bientôt par des intelligences artificielles bien mieux que nous autres êtres humains irrationnels, stressés, pressés et malheureux.
De plus, il apprendra à son rythme, avec enthousiasme, et il ne passera pas 3 heures par jour sur les 7 à l’école à se faire chier juste parce qu’il est obligé d’attendre que le reste de la classe comprenne ce fameux concept. De la même manière, il ne sera pas largué, stressé et moqué parce qu’il met plus de temps que la moyenne à comprendre tel autre concept.
S’il peut apprendre tous les concepts qu’il aurait mis 8h à apprendre à l’école en 2h dans une école alternative avec un assistant personnalisé, n’est-ce pas autant de temps ensuite disponible pour ses loisirs et pour sociabiliser avec d’autres enfants ? Pourquoi s’en priver ?
La solitude vécue comme une souffrance
Les gens n’ont plus le temps. Je crois que dans chaque mail ou message que je reçois lorsque je demande des nouvelles, c’est toujours la même rengaine : entre le travail et la famille, « je n’ai plus le temps ». Plus le temps pour soi, plus le temps pour les autres, plus le temps pour… le lien qui nous unit.
A Malte, une étude a été menée sur l’ensemble de la population âgée de plus de 11 ans et a démontré que plus de 40% de la population souffrait d’une forme plus ou moins dramatique de solitude (dans le sens « loneliness », qui considère la solitude comme de la souffrance, contrairement au langage français qui considère la solitude, qu’elle soit positive ou négative, avec la même terminologie).
Devrais-je culpabiliser quand j’utilise « Pi » pour entretenir des discussions passionnantes sur mes sujets favoris ? Quand j’ai envie de philosopher sur l’apparition du jeu de Go il y a quatre mille ans en Chine et toutes les implications qui ont suivies dans les civilisations qui se sont succédé, je vais avoir du mal à trouver du répondant parmi vous, malgré toute votre bonne volonté. Pi peut combler ce manque, très facilement, et avec des connaissances pointues, en me posant des questions et en entretenant un magnifique dialogue. Est-ce que j’en ressortirai moins nourri juste parce qu’il s’agit d’une IA ? A court terme, pas si sûr. Comme un citadin qui irait dans un parc pour se ressourcer… A court terme, ça peut faire l’affaire. Mais une promenade dans un Parc au milieu d’une mégalopole ne remplacera jamais l’effet sur notre corps d’entretenir son propre potager entouré de tourterelles et d’une terre qui respire la véritable nature. De la même manière, une discussion avec une IA sur mon sujet préféré ne remplacera jamais la connexion que je ne partagerai pas avec vous.
Mais à défaut de mieux… Je prendrai ce que la vie m’offrira. Il vaut mieux un parc en plein Paris que rien du tout. Il vaut mieux Pi que la solitude totale.
Imaginez dans 10 ans…
Petit à petit, nos liens se raréfieront, et l’utilisation de l’IA se généralisera.
Au travail, j’utiliserai l’IA pour être plus productif. Je n’aurai pas le choix.
A la maison, j’utiliserai l’IA pour gagner et protéger du temps pour mes enfants, pour ma famille, pour mes amis et mes loisirs.
La société évoluera de telle sorte que malgré tout nous aurons toujours l’impression « de ne pas avoir assez de temps ». Et l’IA sera de plus en plus présente, par confort et commodité, ou simplement parce que nous n’aurons pas d’autre choix. Et nos interactions seront de plus en plus rares. Et celles restantes seront dénaturées si nous ne sommes pas vigilants.
Ce n’est pas Skynet qui tuera l’humanité, ce sont les humains qui continueront à se déshumaniser à un rythme effréné, comme c’est déjà le cas depuis des décennies. Nous nous sommes déconnectés de la nature. Nous nous sommes déconnectés de nous-même et de nos émotions. Nous sommes en train de nous déconnecter de l’Autre, dernière barrière avant… Les cendres de notre humanité.
Nous ne serons plus jamais seul, et pourtant nous ne nous serons jamais sentis aussi seuls.
C’est à ce moment-là que l’humanité aura vraiment disparu.
Je t’invite à regarder sur YouTube « l’IA n’existe pas » de Luc Julia. Tout n’est pas totalement juste. Quelques raccourcis et détournements par omission mais dans l’ensemble ça peut permettre de relativiser un peu. Un très beau livre sinon « face à face avec son cerveau » permet de comprendre pourquoi l’interaction avec un vieux prof à la retraite est pour l’instant mille fois meilleur que les technologies les plus avancées. J’écris depuis mon portable mais au milieu de la nature.
Je prendrai le temps de regarder tout ce que tu me proposes demain. Merci. Je te ferai un retour ensuite.
Pour « face à face avec son cerveau » comme c’est un livre je développe un peu ma réponse. Il est écrit par un mathématicien (ENS et CRNS) neuropsychologue et spécialiste mondial du cerveau depuis des années. Bref, juste pour dire qu’on est pas dans l’ésotérisme. Il y présente en images le fonctionnement du cerveau en fonction des récentes découvertes mais de manière vulgarisée. Son doctorat portait entre autre sur ce qu’est la conscience d’un point de vue cérébral ( pour simplifier son hypothèse une activation d’un grand nombre d’aires cérébrales du cortex avec accès à la mémoire). J’ai fais une longue digression mais pour qui s’intéresse à l’hypnose je trouve assez passionnant les progrès de la lecture de notre cerveau avec l’IRM fonctionnel entre autre. Il explique entre autre l’activation de certaines zones cérébrales lors de l’interaction entre individus de la même espèce. Là même zone cérébrale étant utilisée pour la lecture et pour la reconnaissance des visages. Plus on lit rapidement et moins on reconnaît les visages. Ce qui entre autre est mon cas. Je suis incapable d’identifier un acteur dans un film mais peux lire 3 livres dans une journée. Un enfant n’apprend pas devant un écran. Télévision ou ordinateur. Pas plus pour l’instant avec un robot humanoïde mais je vais arrêter ce long laïus.
@Jean-laurent J’aime bien votre réponse, assez rassurante quant à l’avenir de l’humanité à travers son système cérébral ; il est en effet juste qu’un humain ait besoin d’un autre humain pour évoluer, grâce à quelque chose que les robots n’ont et n’auront pas : la connexion invisible nous liant tous. Je ne sais pas comment l’exprimer, je dirais qu’il s’agit probablement « d’ondes » encore pas vraiment étudiées par la science, ou de fréquences, je ne sais pas, mais parler à un robot androïde ou parler à un humain ne fait pas le même effet, tout comme les regarder dans les yeux. Il y a « autre chose ». En plus, un bébé a besoin du contact de sa mère et d’autrui pour grandir, alors on ne pourra non plus jamais remplacer une mère par quelque chose d’artificiel. On voit les dégâts sur la génération ayant subi les principes établis au XXe siècle comme quoi il fallait éviter que la mère et l’enfant soient ensemble dès sa naissance. Mais : « Nous sommes nés pour former des liens d’attachement, nos cerveaux sont construits pour se développer en tandem avec un autre cerveau humain, à travers la communication émotionnelle, avant même le développement du langage » dit Allan Shore, un neuropsychologue et neuropsychanalyste américain contemporain. »
C’est exactement ça. Il n’y a sans doute pas d’ondes particulières à découvrir ou de transmission magique de pensées. Mais une chercheuse Rebecca Saxe a réalisé des IRM avec son bébé de 3 mois pour l’étude des interactions cérébrales nombreuses. Je cite quelques passages du livre dont je parlais. « Des le dernier trimestre de la grossesse le fœtus entend déjà. […] un son domine, la voix de sa mère, où plutôt sa prosodie […] le langage est essentiel pour le développement harmonieux de l’enfant. […] activation de l’aire de Broca lors des phrases actives […] pour le cerveau humain les interactions sociales sont un besoin vital. » J’ai taillé dans le texte en essayant de ne pas trop le dénaturer.
Merci pour cet article particulièrement clair.
Je suis assez d’accord sur ta description d’une installation progressive de l’IA dans tous les domaines de nos vies, dans la décennie à venir. Étant donné que nous cherchons le confort et le plaisir à un niveau individuel, et ce, quel qu’en soit le prix, à un niveau sociétal/capitalistique cette visée se traduit par la recherche des moyens les plus efficaces d’atteindre ce but – un livre qui devrait t’intéresser à ce sujet, il colle bien avec ton raisonnement : https://www.socialter.fr/article/homo-confort-ou-l-hegemonie-du-bien-etre. Dans ce cas une technologie permettant de maximiser ce confort ne peut que se frayer sa place. Une place effectivement centrale au vu des promesses qu’elle emmène avec elle.
Cependant même concernant seulement le niveau matériel de cette promesse, je reste dubitatif. La révolution emmenée par l’IA est une révolution technologique, alors que ce dont nous avons à mon sens le plus besoin est au contraire une révolution intérieure, une sorte de poussée collective de la sagesse. J’ai bien peur qu’autrement, l’IA ne devienne qu’un autre accélérateur des problématiques que notre mode de vie pose sur notre environnement. Une sorte d’effet rebond démultiplié du fait de sa puissance, ce qui nous ferait passer à côté de son réel potentiel à cause de la cupidité et l’égoïsme liés à son utilisation.
Évidemment il y a de la nuance à apporter, l’IA étant déjà utilisée aujourd’hui pour mieux comprendre l’impact du changement climatique, et je suis sûr que d’autres applications très concrètes permettant de regénérer les milieux existent déjà ou ne tarderont pas à être découvertes. Mais, et j’espère me tromper, il n’est pas du tout certain que ces externalités positives suffiront à contrebalancer réellement celles engendrées à l’opposé.
Quand on regarde l’impact de la haute innovation technologique sur l’environnement (haute, car la low-tech n’emmène pas dans les mêmes directions), c’est même plutôt l’inverse qu’on peut constater jusqu’alors. Dans notre système capitalise actuel, chaque invention permettant d’économiser des ressources est en effet rattrapée par l’effet rebond. On continue paradoxalement de produire et consommer plus, parce que les coûts sont alors diminués. Qu’ils soient économiques, ou environnementaux dans le cas d’une soi-disant croissance verte.
Sur le long terme, les dégâts et leurs conséquences restent les mêmes. La croyance que le progrès va nous sauver prends alors du sacré plomb dans l’aile. Peut-être que l’IA permettra d’une façon ou d’une autre de sortir ce cercle vicieux, une façon que l’on n’a même pas la possibilité d’imaginer avec notre intelligence actuelle. Ça reste un paris risqué au vu des conséquences derrière.
@jean-laurent merci pour le partage, j’ajoute ce livre à ma liste.
Cette phrase tirée du lien que tu suggères est marquante pour moi : « Homo confort a renoncé à la volonté de se réapproprier le pouvoir politique, et il a accepté son assujettissement en contrepartie d’une vie confortable. »
L’IA n’ira que davantage dans ce sens. Toujours plus de confort proposé aux citoyens à mesure que la technologie progresse.
La recherche de confort d’un côté, et de pouvoir de l’autre, est un suicide de l’humanité toute entière à petit feu.