La fatigue chronique, mon ombre et ma lumière

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"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

J’ai l’envie d’avoir envie. Pourtant ma faible énergie m’emmène souvent jusque dans mon canapé. J’aurais dû… Mais je n’ai pas pu. J’aurais aimé… Mais c’était trop dur. Mon quotidien ici résumé, et ma détresse montrée au grand jour.

Je suis tout le temps fatigué.

Aurore a vécu un peu de mon calvaire avec la fatigue immense du premier trimestre de la grossesse. Aujourd’hui, quand je dis que je suis fatigué, je sais qu’elle me comprend.

La plupart des gens pensent que je suis fatigué comme eux sont fatigués. Qu’une bonne nuit de sommeil réparatrice me remettra d’aplomb.

Si seulement…

Mon corps lutte pour ma survie tous les jours

Ces derniers jours, une lassitude débordante est réapparue dans mon corps. Elle est redevenue ma compagne constante, elle me suit, assombrissant mes pensées et mes actions. C’est une fatigue qui s’infiltre dans tous les recoins de mon existence. Elle obscurcit les petits plaisirs de la vie. Elle noie mon énergie dans une marée débordante de torpeur. Le sol devient mon plus grand attrait.

Mon corps porte ce poids. Tout le temps. C’est un fardeau accablant. Chaque muscle, chaque nerf, semble lutter sous le poids d’une lourdeur invisible. Ce matin j’ai été courir « parce qu’il le fallait », pour conserver la belle habitude instaurée depuis janvier et ne pas voir tous mes efforts de ces derniers mois s’envoler avec quelques jours de passivité. Mais ce matin c’était différent. Mes jambes étaient comme des poids de plomb, mes bras pendaient lourdement et les tenir en l’air me paraissait insurmontable. Chaque enjambée était un effort monumental, chaque respiration une tâche devenue trop ardue. Ma tête tournait, vacillait. J’avais l’impression de courir contre un courant implacable d’un vent imaginaire venu de l’enfer qui dominait toute la largeur de la route.

Si j’ai pu aller au bout de mon périple matinal, ce fut grâce à la magie de la vie, un rapace qui m’a suivi pendant tout le trajet en volant juste au-dessus de moi, me rappelant l’amour Maternel d’Opéra, mon aigle intérieur. C’est comme si l’univers me donnait un signe pour ne pas lâcher. Et je n’ai pas lâché.

Ma fatigue, elle n’est pas seulement physique.

Il y a une fatigue mentale aussi. Celle-là, elle empoisonne. J’ai du mal à la décrire. Ce serait comme une brume grise qui englobe mon esprit et ralentit mes pensées. Elle éteint mon enthousiasme. J’en perds ma joie, mon excitation, ma curiosité. Je deviens irritable. Sur les nerfs. Faut pas m’faire chier. Toutes mes émotions brillantes sont ternies par cette nébuleuse fatigue.

Il y a bien évidemment des raisons à cet épuisement permanent.

Des raisons physiologiques et certainement même psychologiques.

Mon corps est un champ de bataille médical.

Entre le diabète de type 1, la gastroparésie diabétique sévère, et mon restant de surpoids, il n’y a pas un front sur lequel je ne dois pas combattre pour sauvegarder un peu d’énergie. Le diabète est une lutte constante pour équilibrer mon taux de sucre dans le sang, une danse délicate pour éviter les extrêmes qui punissent. L’hyperglycémie m’enveloppe d’un voile de plomb, l’hypoglycémie m’achève pour le restant de la journée. La gastroparésie complique encore plus les choses, elle brouille les signaux de mon corps et transforme chaque repas en une épreuve dont les conséquences s’assument sur plus de dix heures de digestion. A peine le corps souffle qu’il demande déjà un renouvellement d’énergie, il n’a pas faim mais il a besoin de manger, et il s’apprête à repartir pour un marathon de digestion alors même que le précédent se terminait à peine. Je sens mon corps qui se donne à fond, il lutte, il s’épuise, et m’épuise par la même occasion.

Je ne peux pas l’ignorer, cette fatigue.

Elle est là, chaque jour, chaque nuit, chaque réveil.

Au début je portais cette fatigue.

Petit à petit, je suis devenu cette fatigue.

J’ai failli craquer. Tout abandonner.

J’ai construit ma plus belle vie avec mes tripes, et pourtant les jours défilent en me rendant de plus en plus incapable d’en jouir dignement.

Injustice.

Malgré les larmes d’épuisement.

Malgré les écroulements.

Je me bats.

Je persévère.

Je me prends en main.

J’apprends ce qu’est le repos. Le vrai repos. Le repos de mon esprit. Le repos de mon estomac. Le repos de mes intestins. Le repos tout court.

J’apprends comment augmenter mon niveau d’énergie corporel. Je construis avec mon corps un nouveau corps, pas à pas. Il ne se soulagera pas de ses maladies, mais il soignera son âme du désir toxique de la guérison. J’apprends à aimer mon corps tel qu’il est, et j’apprends à lui offrir la vie qu’il peut assumer.

Je dois ralentir.

Comment faire face ? Comment m’en sortir ?

Un pas après l’autre.

Chaque jour, je m’engage à faire un petit pas en avant.

Si vous avez de la famille ou des amis diabétiques, parlez leur des systèmes à « boucle fermée » je vous en conjure. Ce sont des nouvelles pompes à insulines, sorties en toute fin d’année dernière, qui permettent un ajustement des injections d’insuline automatiquement et en temps réel en fonction de la glycémie. C’est magique. Ma vie a changé. Une étude scientifique parue dans la revue prestigieuse « The Lancet » donne des chiffres extraordinaires prouvant l’efficacité de ces systèmes révolutionnaires. J’aimerais que tous les diabétiques puissent en bénéficier. Cliquez ici pour lire l’étude scientifique sur les pompes à insuline avec système à boucle fermée.

Mon régime alimentaire aussi évolue. Je manie avec plus d’élégance les moments plaisirs et les aliments nécessaires à mon équilibre biologique. J’ai appris à ne plus manger de vrais repas après 18h. Je mange moins varié, mais je mange ce que je sais pouvoir digérer à peu près correctement et mon corps s’en porte beaucoup mieux. Il y a eu des aliments difficiles à bannir, je ne vous le cache pas. Il ne s’agit pas forcément que des repas « lourds à digérer » pour le commun des mortels. Les fibres par exemple, présentes dans les légumes, sont impossibles à digérer pour moi. Certains légumes pèsent autant qu’une bonne pizza pour mon estomac alors j’explore avec curiosité et je m’adapte. J’arrive encore à trouver des aliments plaisir que je digère bien.

Chaque jour est un pas en avant, chaque jour est une occasion de progresser. La fatigue est toujours là, oui, mais chaque jour, je fais un pas pour la défier. Et avec chaque pas, je trouve un peu plus de force, un peu plus de courage et un peu plus de joie. Je suis en train de reprendre ma vie en mains, pas à pas, jour après jour.

Je ne suis plus défini par ma fatigue, mais par la force de mon inconscient et la résilience de mon cœur.

Chaque jour, j’apprends à supprimer le désir de faire disparaître la fatigue et j’apprends à écouter mon corps tel qu’il est.

J’arrête de vouloir le changer, j’arrête de lui ordonner d’être différent.

J’apprends à le regarder avec authenticité pour mieux le respecter.

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