Depuis plus d’une décennie, je me suis aventuré sur le chemin de la professionnalisation de ma passion, poussé par les forces invisibles et irrésistibles du succès. J’ai tenté de conquérir ma liberté par l’accumulation, non seulement d’argent, mais aussi de biens matériels, avec l’espoir un jour de pouvoir à nouveau profiter pleinement d’une liberté retrouvée. Finalement, ces possessions n’ont fait qu’alourdir mon âme au lieu d’alléger mon cœur.
La quête effrénée de la réussite m’a laissé épuisé, vidé comme une outre percée de son eau. Cette soif de succès sans fin a asséché en moi la joie de contempler le temps qui passe.
Ce qu’attendait de moi la société pour continuer à gravir les marches du succès a soulevé en moi un bouclier de résistance. Une résistance vitale. Je ne veux plus jouer le jeu du marketing, du viral, des réseaux sociaux, de ce qui fonctionne.
Je veux jouer au jeu qui rend heureux.
Je me reconnais une qualité : une fois que je réalise mon erreur, je ne m’obstine pas. Au lieu de cela, je m’efforce de me repositionner idéalement pour en tirer le maximum d’apprentissage. Mes erreurs ne sont plus source de culpabilité, mais de récits qui m’aident à mieux les accepter, et même souvent à finir par les remercier.
C’est d’abord forcée par l’arrêt brutal lié au COVID que mon activité s’est interrompue. Et ayant goûté pour la première fois une forme de paix, j’ai décidé de faire demi-tour et de continuer à emprunter le chemin proposé par la vie.
« Amare » : aimer. « Amator » : celui qui aime. Je veux rester à jamais un « amator ».
Je me suis lentement débarrassé de toutes mes acquisitions, une à une, retrouvant à chaque fois un peu plus de bonheur et de temps.
Ma vie, alors centrée sur le travail, avait étranglé mes véritables passions. Elle les avait étouffées, jusqu’à ce que mort s’en suive. Diriger 7 personnes, gérer 3 entreprises, occuper 120m2 de bureaux en plein cœur de Toulouse, entretenir une maison de 170m2 sur 3000m2 de terrain, accumuler notoriété et reconnaissance – cela semblait être la définition même du bonheur alors même que je le sentais s’éloigner chaque jour un peu plus.
Quand le jardinier passe plus de temps dans mon propre jardin que moi, n’y a-t-il pas un problème ?
C’était un leurre. Un mirage qui volait mon temps, siphonnait ces précieux moments où je pouvais m’asseoir dans l’herbe, toucher la terre, planter une jolie bouture de saule pleureur tortueux – symbole de la naissance de notre fille Kaliya – comme j’ai pu le faire hier.
Cette réussite m’a volé mon temps. Elle a dérobé mon rythme naturel. Elle m’a obligé à me renier. Elle a dérobé des instants magiques. Elle m’a presque tué.
Être un professionnel, être reconnu, être valorisé, être intéressant, ne m’intéresse plus. Je ne me sens pas à ma place dans ce système. J’aime les partages d’égal à égal, la transmission de coeur à coeur. C’est ma plus belle rémunération. Je suis un amateur éternel. J’aspire à aimer ce que je fais, car c’est en aimant ce que je fais que je me découvre vraiment.
Un amateur pour la vie, non par manque de compétence, mais par choix – un choix qui me permet de savourer chaque instant, chaque passion, chaque moment de ma vie avec authenticité et plaisir.
Quelle est alors pour moi la place du travail ?
La suite au prochain épisode.