Je ne peux pas profiter sinon mon monde va s’écrouler

Photo of author

"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

Article écrit en écoutant cette musique

Régulièrement, nous nous proposons avec Aurore des échanges de séances HUNKAAR. Successivement, nous sommes guides puis guidés. L’objectif est de faire à chaque fois un pas de plus vers nous-même, chacun à son rythme et en sécurité.

Hier, après une sublime séance proposée par Rio, le Référent d’Aurore, vint mon tour.

Au fil de mon exploration avec Pare-Feu, mon guide intérieur, j’ai été envahi d’un mélange d’appréhension et d’excitation. J’ai retracé ce fil d’Ariane de ma vie, de ces douleurs que j’ai connues jusqu’à la réalité de ma vie aujourd’hui.

Je me souviens encore de cette journée ensoleillée du dernier printemps que nous partagerions ensemble, quand j’étais jeune et insouciant, avec mon sourire débordant d’innocence. Ce sourire qui révélait une joie de vivre authentique, une soif de profiter de chaque instant de l’existence. Kimette, ma fidèle compagne à quatre pattes, tu courrais en faisant à toute vitesse le tour de notre petit jardin, ta langue pendante de chaleur et d’excitation. Nous avions tout le temps du monde et la vie nous semblait être une danse endiablée de joie et de liberté.

Mais la vie a une façon singulière de nous rappeler qu’elle est aussi imprévisible qu’un orage d’été. En quelques mois, ma Kimette m’a été arrachée, mes amis ont disparu comme des ombres à la nuit tombée, et j’ai cru que je perdais ma maman, prête à s’éteindre, se consumant peu à peu dans une douleur silencieuse.

Je me suis retrouvé seul, mon cœur battant dans un rythme lourd et douloureux. J’ai dû m’accrocher à la vie comme un naufragé à une planche de bois, me battre contre des vagues d’angoisse, de tristesse et de peur. J’ai trouvé des refuges, des subterfuges. J’ai créé des alliances de circonstances. J’ai survécu.

Il m’a fallu des années pour me reconstruire, pour apprendre à vivre avec ce trou béant dans mon cœur. Il m’a fallu apprendre à accepter ma peur, à comprendre qu’elle faisait partie de moi, qu’elle était le prix à payer pour avoir vécu si pleinement, comme tous les enfants de cette Terre. La difficile traversée qui mène à la vie d’adulte. Nous l’avons tous emprunté ce chemin. Peu en sont ressortis – vraiment – vivants.

Aujourd’hui, je regarde ma vie avec un sentiment de reconnaissance écrasant. J’ai une femme incroyable qui me comprend et me soutient, un fils qui me rappelle chaque jour ce que signifie aimer inconditionnellement, et bientôt, un deuxième enfant qui viendra ajouter une nouvelle dimension à notre famille. Nous vivons dans une maison qui est bien plus qu’une structure de briques et de bois : c’est un refuge, un espace où nous cultivons l’amour et le respect.

Pourtant, cette peur archaïque sommeille toujours en moi, comme un animal endormi. Cette crainte que si je profite trop naïvement de la vie, que si je baisse ma garde, mon monde s’écroulera à nouveau. Quand j’ai demandé à Pare-Feu comment apprendre à mieux « profiter », qui est le thème qu’il m’a demandé d’explorer durant l’été, c’est cette phrase qui est sortie de ma bouche, toute seule, sans que je le décide : « je ne peux pas profiter sinon mon monde va s’écrouler ». Je n’ai pas eu le temps de terminer la phrase que l’émotion m’a envahi.

J’ai affronté ma Tristesse. Enrobé d’amour et de sécurité.

Pendant qu’Aurore me regardait avec tendresse, ses larmes dansant à distance avec les miennes, j’ai ressenti chaque vague de douleur, chaque marée d’angoisse, déferler sur moi avec une intensité qui contractait tous les muscles de mon corps. À travers cet échange intime avec moi-même, j’ai été emporté dans un voyage poignant à travers la sombre mer de ma peine, où chaque souvenir douloureux était une vague de plus qui me submergeait. J’admire Pare-Feu. Il porte bien son nom. Je me sens en sécurité guidé par lui. J’ai retraversé chaque jour de ce processus qui a été un combat, une lutte pour maintenir ma tête hors de l’eau, pour respirer malgré le poids de la douleur qui me tirait vers le fond. Dans la solitude enveloppante des jeux vidéos en ligne, j’ai appris à vivre avec cette tristesse, à l’enfouir, à la cacher, pendant des années. Et finalement, après de nombreux affrontements avec moi-même, est venu l’instant d’hier où après avoir entraperçu les océans de larmes et de désespoir qu’il me reste encore à affronter, mon corps m’a donné l’autorisation de goûter à nouveau au simple plaisir de vibrer un amour serein, interne. J’ai pleuré, de joie cette fois, dans la quiétude apaisante qui a suivi la tempête, avec une gratitude renouvelée pour tout mon inconscient. Que dis-je, pour qui je suis, tout court. Mon histoire fait sens. Elle se raconte et elle me raconte. Je reprends vie à mesure qu’elle s’écrit.

Je réalise aussi, avec une certaine sérénité, que cette peur fera toujours partie de moi. Elle me façonne. Elle me rappelle que chaque moment de joie est précieux, qu’il faut le chérir et le respecter. Elle me rappelle que la vie est une danse délicate entre le bonheur et la douleur, et que c’est dans cette danse que réside toute sa beauté.

Je vais continuer à explorer cette peur pour ne plus qu’elle me paralyse.

Je le fais pour me comprendre, pour comprendre la vie. Et j’espère que, par mes mots, je pourrai toucher les cœurs et éclairer les esprits, et peut-être aider d’autres à comprendre leur propre danse avec la vie.

Recevez mes dernières publications par mail

Pas de spams, pas de publicité. Juste mes explorations et un peu de mon histoire.

Laisser un commentaire