Hier. Ce week-end. Malgré toutes les bonnes raisons de me ménager tellement la formation Street Hypnose était éprouvante pour moi physiquement, je me suis laissé happer par une torpeur paralysante. Je suis rentré samedi et dimanche soir lessivé, prêt à simplement aller me coucher. Ce lundi, blotti derrière l’écran, j’ai laissé filer les heures à jouer, désertant ma responsabilité quotidienne de cliquer sur publier. L’épuisement, certes tenace, ne justifiait pas ce renoncement. J’aurais dû partagé ici ne serait-ce qu’une phrase ou une photo durant ce week-end. Sur le moment, pourtant, une force étrangère, et pourtant très interne, s’y est opposée. En l’analysant d’un peu plus près aujourd’hui, j’ai perçu des peurs. La peur d’être jugé, la peur de décevoir, la peur de n’être jamais assez. C’est d’autant plus difficile depuis la rentrée. Je sais qu’écrire me fait du bien. Mais j’éprouve beaucoup de difficulté à plonger en profondeur. Je reste en surface. En résumé, la reprise ne se passe pas tout à fait comme je l’avais espéré, et le rythme soutenu que j’étais parvenu à faire rentrer dans mon quotidien s’est éloigné avec les vacances.
Lorsqu’elle m’accable de son manteau de plomb, plus rien n’a de sens ni de saveur. La fatigue reste mon ennemi de tous les jours. Non pas que j’aimerais la faire disparaître – quoi que je le ferais si je le pouvais -, mais je peine encore à l’accueillir avec plus de sérénité, comme faisant partie intégrante de ma vie. Elle me freine. Elle m’oppresse. Elle change mon humeur. Quand je suis fatigué, mon corps s’arrête de fonctionner. Se tenir assis ou debout devient une épreuve. Garder les yeux ouverts relève du combat. Même ma digestion se met en grève (la gastroparésie fonctionne sous forme de « crises ») et m’oblige à subir crampes et douleurs intestinales pour avoir osé manger un bout de tarte aux poireaux faite maison avec des légumes du jardin. Mon thermostat de l’irritabilité saute alors au plafond.
Face à cette plongée dans les abimes, je me suis interdis de dormir durant la journée d’hier parce que j’avais l’impression – et c’est l’expérience qui parle – que j’aurais été incapable de me relever ensuite. Et si je m’étais mis à dormir deux ou trois heures, c’est toute la nuit d’après qui serait tombée en lambeaux. J’ai finalement enduré en jouant à un jeu ; le temps passe plus vite ainsi. Toutefois, je pouvais sentir au fond de moi une forme de culpabilité face à ma désertion. Le temps est passé. Je n’ai pas fait mon sport. Je n’ai pas médité. Mai j’ai enfin pu sombrer…
Je ne me laisserai pas abattre
Dès l’ouverture de mes paupières ce matin, j’ai su. J’ai su que ça allait encore être une journée compliquée. Il me faut en général deux jours pour me remettre complètement d’une formation Street Hypnose et reprendre un rythme physiologique normal. Si je m’étais écouté, je ne serais pas allé courir ce matin non plus. Mes jambes étaient lourdes. Mais j’ai pensé au moi de ce soir lorsqu’il se poserait dans son lit, et j’ai eu envie qu’il soit fier et qu’il ne revive pas ma culpabilité d’hier. Alors aujourd’hui, coûte que coûte, je veux courir, publier, et méditer, même si j’y consacre 30 secondes en tout et pour tout. C’est mon cadeau à moi-même. Si je ne le fais pas, je vais éprouver chaque jour de plus en plus de difficulté à reprendre, je le sais. Je me connais.
J’ai couru ce matin les deux premiers kilomètres avec la sensation que mes yeux étaient mille fois trop lourds. J’ai foulé le sol plusieurs centaines de mètres les yeux fermés tellement c’était devenu une souffrance de les conserver ouverts. Mes jambes, courageuses, continuaient à me porter.
Quelques minutes plus tard, j’ai senti l’énergie progressivement revenir. Le moral avec.
Maintenant, c’est l’heure de cliquer sur publier.
Et ce soir, j’irai méditer avant d’aller me coucher.
J’ai le droit à l’échec. J’ai juste l’interdiction de ne pas me relever.