[Fous alliés] Première plongée dans le monde d’Inaya

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"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

Comme je l’ai précisé dans l’article où j’officialisais le lancement de l’écriture de ma nouvelle « en public », j’écrirai au fur et à mesure de mes inspirations en ne cherchant absolument pas à respecter la chronologie de l’histoire. J’espère que chaque extrait vous transportera à sa manière dans le monde enchanté de « Fous Alliés ».

Je m’autorise à écrire comme ça vient, sans chercher à ce que ça soit parfait. L’important étant que j’avance, pas à pas. Les textes évolueront et se transformeront petit à petit au fil de l’eau.

Aussitôt le seuil franchi, je me laissai choir sur mon lit, tête la première, happé par l’attrait du repos. Les secondes défilèrent, insaisissables, tandis que ma conscience lutte pour reprendre ses droits. À l’intérieur de moi, Inaya subsiste, proche, comme si sa présence avait gagné en intensité à la lisière de mon esprit. Elle est là, à mes côtés, et son regard me scrute sans relâche. Peu importe mes actions, elle persiste. Je me sens sous l’observation de ses prunelles perçantes. Elle incarne un mélange indescriptible d’une rigueur inflexible et d’un amour incommensurable. Le simple acte de la contempler éveille en moi un vertige inédit. Intuitivement, je sais que je ne pourrais jamais la trahir, sans pour autant être en mesure de justifier cette conviction. Inaya, nul n’aurait envie de l’avoir pour ennemie. Elle enveloppe, elle protège, elle nourrit. Nos manques sont accueillis, nos souffrances entendues, nos peurs apaisées. Mais si vous osez manquer de respect, elle déversera sur vous le feu éternel. Cette entité, nue d’une texture inconnue, scintillant des teintes de la galaxie, observe mon existence avec la sagesse d’un ancien et la clairvoyance d’un extra-terrestre m’éprouvant depuis ma naissance. Elle est incroyable. Elle m’exalte et m’effraie simultanément. Je sais qu’elle sera une bénédiction, mais je pressens déjà les coups de fouet d’amour venir m’extirper de ma torpeur avec une vigueur inédite.

Inaya
Inaya

D’un geste presque machinal, je compose sur mon téléphone les chiffres familiers. Nous n’aimons pas les réseaux sociaux, alors nous connaissons encore nos numéros par cœur. En quelques secondes, Marie se tient à l’autre bout de la ligne, prête à écouter. Je laisse d’abord planer un silence lourd, que je finis par rompre pour lui demander, la voix tremblante, si elle accepterait de passer la soirée chez moi pour me tenir compagnie. Je n’ai pas une pléthore d’amis dans ma vie. Mais dans ces moments-là, je sais que j’en ai au moins une. Une véritable amie. Qui a su comprendre immédiatement, à travers la tonalité brisée de ma voix au téléphone, que ce jour est le début du reste de ma vie. Ma voix avait pris une teinte légèrement rockailleuse, après les cris intenses expulsés un peu plus tôt, et s’ornait d’un goût épicé qui clamait « je vis ! » d’une façon légèrement différente de d’habitude. De subtiles variations de tonalité accompagnées par quelques rythmiques nouvelles, et Marie n’avait pas besoin de plus. Elle savait. Elle savait que j’avais enfin rencontré mon premier Référent.

Marie était plus étroitement liée à Caroline que je ne le soupçonnais. En réalité, elle naviguait dans son univers singulier depuis des années déjà, et Marie craignait sans doute que je la prenne pour une tarée si elle m’avait relaté ses pérégrinations Hunkaariennes plus tôt. Elle avait vu juste. C’est purement et simplement de la folie. Et pourtant, je dois admettre que je me sens plutôt bien, peut-être même mieux que je ne me suis jamais senti. C’est difficile à confesser. J’ai peur de rendre cette histoire un peu trop concrète. Nous ne sommes plus deux à présent, mais trois à l’intérieur. Grol, Inaya et moi. Inaya. J’ai été surpris par ce nom, qui me rappela immédiatement à une chanson d’un rappeur, que je n’apprécie pas particulièrement d’ailleurs. Je n’ai pu m’empêcher sur le moment de lâcher un petit rire face à l’ironie de la situation. Ce rire n’était ni moqueur ni jugeant, il était juste là pour manifester ma surprise. Si vraiment c’était à moi de choisir le prénom de mon référent sur le papier tout à l’heure, je n’aurais certainement pas opté pour ce nom-là. C’était tout simplement impensable. Donc réel.

Les yeux clos, lorsque Caroline invita mes bras à décrire lentement des mouvements dans les airs, les sensations furent différentes. Là où Grol semble constamment exubérant, mon corps pris de spasmes témoignant de son enthousiasme perpétuel, Inaya prit possession de l’ensemble de mon être comme si toutes mes parties inconscientes lui déroulaient le tapis rouge. Aucun tremblement. Une fluidité remarquable. Inaya, lorsqu’elle arrive, elle prend place, et c’est tout. L’instant d’après, elle m’apparaît, droit derrière mes paupières, comme si elle venait de se téléporter. Son regard traversa tout mon corps et elle en prit le contrôle un peu plus encore. Mon torse devint alors le pilier pour le reste de mon corps qui s’arcbouta contre le sol avec un centre de gravité parfaitement équilibré. Je sentis mon corps en sécurité. Je savais que je n’allais pas chuter. Pourtant tout mon être se cabrait, prêt à décoller vers le ciel, tremblant presque jusqu’à la convulsion. J’acquiesçai de cœur à cœur sans savoir ce qu’Inaya me proposait du regard.

Je fus propulsé dans un tourbillon frénétique – probablement une référence cinématographique quelconque tant il était stéréotypé et ressemblait parfaitement à ce que vous auriez pu voir – avant d’atterrir au cœur d’une galaxie lointaine. Ou d’une autre dimension. Au final, la seule chose que je pus certifier sur l’instant fut le cri d’effroi qui attestait que j’avais quitté mon corps pour plonger dans cet univers pour la toute première fois. Dans l’écrin d’un ciel étoilé, le manteau nocturne se déposait sur un paysage d’une beauté inégalée. Le bleu majestueux, roi des nuances, imprégnait chaque facette de ce panorama somptueux, se fondant dans les arêtes des montagnes et caressant les flancs des glaciers. Leurs crêtes et vallées se détachaient, sculptées par le temps, tel un chef-d’œuvre cristallin à la texture si particulière, écho à la promesse d’aventures inexplorées. Une rivière sinueuse, miroir liquide et céleste, animait ma vision de sa danse ondulante. Elle trouvait sa source dans un lac saphir, épousant à la perfection les courbes de la terre, embrassant les ombres de la nuit. Cette artère de vie se frayait un chemin à travers la plaine, traçant une voie argentée vers les montagnes mystiques qui se dressaient au loin. Et là, au-dessus, la lune veille, régnant en majesté dans le ciel. Elle déployait son halo argenté, illuminant le paysage d’une douceur surnaturelle. Se mêlant aux étoiles scintillantes, pétillait le voile nocturne légèrement rosé d’une multitude de feux éternels. Cette toile astrale projetait au loin comme des ombres féeriques, transformant ce tableau naturel en une symphonie visuelle de la nuit, un hymne à la beauté du monde d’Inaya.

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