Entre vous et moi

Aujourd’hui, l’acte d’écrire est devenu un adversaire à abattre. Il s’est dressé devant moi comme une entité insurmontable.
L’idée même de déployer mes sentiments en mots, en phrases, m’a paralysé.

Un murmure incessant sème le doute dans mon esprit : suis-je devenu trop centré sur moi, au détriment de ce que je pourrais partager avec vous ? Cette idée m’a empêché de me lâcher et de me faire plaisir aujourd’hui.

Je suis comme un funambule, oscillant sur un fil ténu entre mon besoin insatiable d’introspection, cette quête de progression personnelle, et l’impulsion à vous offrir un voyage, à vous inviter à grandir à mes côtés.

Je me trouve à la lisière de deux mondes.

L’écriture est ma boussole, mon abri dans la tempête. Similaire à un journal intime exposé au grand jour, qui exige de moi une fidélité, un engagement, ce site Internet est salvateur, pour moi. L’acte de me dévoiler publiquement me confère une responsabilité à laquelle je ne peux me dérober. C’est une source d’inspiration infinie et un moyen de passer à l’action quotidiennement inestimable.

C’est un chemin vers moi tout tracé.

Pourtant, il y a aussi ce désir impérieux d’être lu. Souvent, je guette mes statistiques de lecture, avide de cet espoir de reconnaissance. Je vois bien quelles publications sont lues, et lesquelles ne le sont pas. C’est un peu décourageant quelquefois.

Je me sens en difficulté. Mais heureusement, chaque commentaire, chaque réponse par email, demeure une étincelle qui illumine mon visage, un regain d’énergie qui m’inonde.

J’ai besoin de vous.

Plus que vous n’avez besoin de moi.

C’est difficile à admettre.

Le nœud du problème

Plus je plonge dans les abysses de mon moi intérieur, plus mon cercle de lecteurs s’évapore. C’est une vérité crue, implacable. Ce sont des thématiques qui font beaucoup moins rêver qu’hypnotiser des inconnus dans la rue en moins de 5 secondes, comme j’ai pu le proposer par le passé.

En théorie, cela ne devrait pas m’importer. Mais la réalité est que vous ne continuerez à feuilleter mes pages que si vous y trouvez des pépites d’enseignement et de sagesse.

Dites-moi, pourquoi continuez-vous à me lire ?

Mon désir de reconnaissance est un monstre insatiable que je ne peux apaiser.

Je pourrais simplement dévoiler chaque jour, avec une certaine humilité, une image, une citation qui vibre en moi et en être satisfait.

Mais non.

Et je connais la raison maintenant.

C’est une peur qui m’étreint.

La peur de vous perdre et de marcher seul sur mon chemin, mon coeur à la main.