Comment devient-on un écrivain ? En écrivant.

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"Je sais qui je suis quand je me sens à ma place dans ce que je fais."

Voilà, vous savez tout.

J’écris pour tisser avec souplesse l’étoffe des mots. Je suis en quête du plaisir né d’un mot soigneusement choisi, la gratification d’une justesse savamment trouvée.

Des thèmes peuvent me servir de guides quelquefois, des idées peuvent être votre boussole d’autres fois. Au final, ma quête est de dénicher chaque jour mille et unes raisons d’inscrire ma plume sur jean-emmanuel-combe.fr, mon journal, ma vie.

Il y a habituellement une idée, une étincelle qui trouve refuge dans mon esprit soit à la tombée de la nuit, soit à l’aube, avant que ma séance d’écriture matinale ne commence. Toutefois, aujourd’hui, le vide. Ce creux m’a ramené à ces moments où je posais la question aux personnes que j’hypnotisais : « Peux-tu imaginer quelque chose de spécifique pour que… ? » Et ils me répondaient alors : « Eh bien… Je ne sais pas… Rien ne me vient à l’esprit. » Le secret de la Street Hypnose, c’est de toujours rebondir. Alors, je rebondissais. Je leur demandais à quoi ressemblait ce « rien » dont ils venaient de me parler. Initialement, je m’attendais à ce qu’ils répondent : « C’est tout noir », ce qui aurait été ma réponse type. Mais ce n’était pas le cas. La plupart me fournissaient des descriptions concrètes, tangibles, qui m’étaient inaccessibles. Moi, aphantasique, dépourvu de capacités visuelles dans mon imaginaire, lorsque je dis que je ne vois rien, je ne vois réellement RIEN, si ce n’est l’obscurité de mes paupières même lors d’une concentration intense. Mais eux, quand ils ne voyaient rien, ils percevaient tour à tour des nuages de couleurs, des formes en mouvement, des éclairs lumineux. Leur « rien » aurait été mon « tout ». Leur rien signifiait simplement : « Rien qui ait du sens pour moi ».

« Rien » et « tout » sont devenus deux concepts incroyablement relatifs dans mon esprit. Ce matin, aucune idée ne m’effleurait l’esprit. Rien qui me tentait. Aucun sujet sur lequel laisser courir ma plume ou déposer ma voix. Et pourtant, en laissant les mots se dérouler sans chercher à leur donner absolument une morale ou du sens, j’écris.

Ecrire est ma clé.

Ecrire est mon salut.

Ecrire est mon bouclier face à l’anxiété humaine de la mort.

Ecrire est la route qui me mènera à la publication de Fous Alliés un jour.

Je trouve difficile de me concentrer sur ma nouvelle ces derniers temps. J’attends toujours le moment propice. J’ai l’impression que le temps me manque, que j’ai besoin d’au moins deux heures ininterrompues de concentration pour aboutir à une page digne d’intérêt. Alors, plutôt que de risquer l’échec, je reste inactif. Je me trouve tellement « ordinaire » dans mes tribulations qu’à l’occasion cela peut s’avérer déprimant. L’écrire ici me fait du bien. Pas pour me plaindre. Pour rebondir. Ce qui fait ma singularité, c’est que je m’efforce toujours de faire un pas supplémentaire vers moi-même. Alors, à défaut d’écrire des envolées lyriques enflammées, je vais simplement laisser vagabonder mes pensées vers Noah, Grol, Inaya, Marie et Félicia.

Allons-y :

Chaque jour, vous prenez forme à l’intérieur de moi. Je vous sens. Vibrants. Votre unicité se trace avec minutie. Vous m’apparaissez si réels, si incarnés que la tâche pour vous rendre justice devient de plus en plus démesurée. La crainte de vous trahir m’électrise. La peur de vous rendre insipides m’effraie. Que le monde vous voit comme de simples figurines mal modelées alors que vous êtes pour moi les porte-étendards de l’espoir et du bonheur. A travers cette nouvelle, je libère mon âme et mes entrailles. Je ne sais comment garantir que j’arriverai, à travers ces quelques dizaines de pages, à retranscrire toute votre profondeur d’âme.

Noah, c’est ce jeune moi brûlant du désir de réussir pour atteindre la reconnaissance d’autrui. Prêt à se sacrifier pour révéler toute son authenticité. Son périple lui permettra graduellement de comprendre combien la sécurité est l’antichambre de la sincérité. Chercher à se dévoiler plus vite que la sécurité ne le permet n’apporte pas le bonheur, mais engendre seulement la souffrance d’une reconnaissance qui n’est pas à la hauteur de notre véritable être. Noah voit grand. Noah aspire à la grandeur. Noah est grand. Mais il doit apprendre à savourer chaque instant pour lui d’abord, en lien avec l’autre ensuite. Faire rire son prochain, c’est se centrer entièrement sur soi pour obtenir le plus bel effet sur l’autre. L’objectif ultime est de susciter le rire tout en restant fidèle à soi-même. Lorsque Noah incarne un personnage sur scène, l’émotion qu’il ressent doit être authentique, même si elle ne lui appartient pas directement. Et pour ressentir pleinement l’émotion de son personnage, il doit d’abord savoir ce que cela signifie de ressentir les siennes. Le parcours initiatique de Noah est le miroir du mien.

Grol, son serviteur, son guide, son ange-gardien. C’est mon Namilélé. Il est maladroit mais son cœur est pur. Il a ses propres sentiments, il peut commettre des erreurs, mais il est un allié irremplaçable. C’est l’occasion pour moi de révéler à travers l’histoire de Grol et de sa relation avec Noah toute la beauté de mes propres personnages intérieurs.

Inaya, c’est mon Pare-Feu, mon Opéra. La justesse. Inaya est portée par d’autres voix. Divines peut-être. Transcendantales pour sûr. Elle est l’incarnation de l’équilibre. Elle perçoit les chemins à emprunter et comment aspirer à la douceur et à la sécurité tout en progressant dans la plus parfaite synthèse du Soi. Elle sait que pour Noah, la vitesse symbolise le sacrifice, et que la lenteur est synonyme de bonheur. Inaya, elle arrête le temps pour Noah. Elle vit sur une planète où l’absence du temps dissout les sons. Il n’y a pas de temps, il n’y a pas de sons. Il y a simplement une infinité d’existences cohabitant en parfaite harmonie.

Félicia, c’est l’Amour. C’est l’Aurore. Noah découvrira l’intensité d’une émotion jusqu’alors inconnue. Ce qu’il prenait pour de l’amour pour Marie, il en apprendra la vraie signification avec Félicia. Faire équipe. Soutenir. Ne jamais juger. Patience et compassion. Malgré les erreurs de Noah, Félicia sait que, au fond, ses intentions étaient nobles. Ensemble, ils sauront cultiver leurs fragilités pour les transformer en forces. Ils apprendront, pas à pas, à se respecter, sachant au plus profond de leur cœur qu’ils ne chercheront jamais à se nuire.

J’ai hâte de vous retrouver. Aujourd’hui je n’a pas écrit sur la nouvelle. Mais j’ai écrit à propos de la nouvelle. Un petit pas de plus vers vous. Et donc vers moi.

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